mercredi 18 février 2015

A quoi ressemble une ordonnance au Québec ?

L'autre jour, j'ai tweeté une image d'une prescription dont la lecture aurait pu être source de problème de lecture. Je la publie de nouveau ici :


Le problème venait du CIPRALEX (escitalopram) .5 co au lieu d'écrire 5 mg (ou 1/2 comprimé). Jeep m'a fait remarqué : 



Mais au Québec, la prescription n'est pas vraiment destinée au patient. Des abréviations en latin sont utilisées. Petit quizz ; que signifie :

- Sig 1 co qid q6h prn 
- Sig 2 drop tid ou 7j 
- Sig 1 cap pv stat

.... Pas facile au début quand on arrive de France ; en fait ce sont des abréviations latines. Voici la traduction de quelques unes de ces locutions (mais pas trop, car je n'ai jamais fait de latin et j'ai peur de faire trop d'erreur) :

- TID = ter in die = trois fois par jour
- QID = quarter in die = quatre fois par jour
- Q6H = toutes les 6 heures
- PRN = pro re nata = si besoin
- Etc.

(Pour une liste plus complète des abréviations existantes, la page de Wikipédia sur les ordonnances est plutôt complète, dans sa dernière partie). Voici une image pour illustrer à quoi ressemble une prescription au Québec (et en Amérique en général) : 



Donc si on reprend en français :

- Prenez 1 comprimé 4 fois par jour aux 6 heures si besoin
- Instillez 2 gouttes 3 fois par jour dans les deux yeux pour 7 jours
- Insérez une capsule dans le vagin immédiatement

En pharmacie, le patient apporte sa prescription qui est informatisée par les assistants techniques (ou le pharmacien) en utilisant les termes latins. L'ordinateur se charge de retranscrire sur l'étiquette en français (ou en anglais ou en espagnol...) pour que le patient puisse le lire sur son flacon ou sa boîte. Sur la prescription papier, on ajoute un numéro de prescription, on la scanne et on l'archive à la pharmacie pendant au moins 2 ans (mais l'Ordre des Pharmaciens recommande 5 ans). Le patient n'a plus son papier. La plupart des patients européens sont vraiment surpris quand on ne leur rend pas leur ordonnance papier. 

Voici un exemple d'étiquette que j'ai trouvé en ligne sur le site d'une des chaines de pharmacie (Jean Coutu) ; on y voit l'identification de la pharmacie, le numéro de la prescription, l'identification du patient, du médicament, de la posologie, de l'indication (le plus souvent selon notre jugement, on ne va pas forcément écrire "Dépression" ou "VIH" dessus), le médecin et sa licence, ainsi que la date de dispensation et le nombre de renouvellement restant. 



On peut aussi coller des contre-étiquettes colorées pour insister sur certaines informations pertinentes sur la prise du médicament :



Si un patient revient à la pharmacie, toutes les prescriptions sont enregistrées dans son dossier, avec le nombre de renouvellement et la posologie. Il peut juste nous donner le numéro de prescription pour la faire renouveler. Si un patient veut changer de pharmacie, on s'appelle entre pharmaciens(nes) pour faire un "transfert" ; il s'agit de transmettre verbalement ou par fax les informations de la prescription pour qu'elle puisse être servie dans une autre pharmacie.

Personnellement, je trouve que le fait que le pharmacien possède la prescription a tendance à déresponsabiliser le patient ; c'est souvent à nous de faire des démarches (par exemple envoyer un fax) pour demander au médecin de renouveler une prescription échue. Mes patients ne regardent que rarement l'étiquette qui indique le nombre de renouvellement restant. Mais cela a l'avantage d'avoir un dossier pharmaceutique (ou pharmacologique) complet si le patient nous apporte toutes ses prescriptions.

Rassurez vous, l'écriture des médecins est aussi mauvaise ici ;) . On a régulièrement besoin de rappeler le médecin ou de faxer la prescription pour confirmer un nom de médicament, une abréviation (qd ou qid...). Et la prescription information n'est pas encore très développé (surtout en ville, quasiment jamais dans les hôpitaux de Montréal en tout cas). 

J'espère que ce post vous a intéressé ! A la prochain :)

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